Cecile à l'Orgue
"Cécile à l'Orgue" bonze à la cire perdue, en pièce unique; 25x7x7 cm. 20/mars/2020
Quelle commande amusante!
Un Monsieur entre dans mon atelier et me demande si j'accepterais de sculpter pour lui un organiste de Barbarie.
Je ne fais pas usuellement de sujet de ce genre (les petits métiers...). Mais comme ma tante Cécile, du temps ou elle habitait Paris, en plus de "faire la comédienne", chantait, accompagnée à l'orgue de Barbarie par un camarade, j'ai accepté la commande avec une vraie joie enfantine.
Mon client me demandant une pièce unique, il a fallu sculpter la cire en creux; c'est a dire faire une sculpture qui une fois finie soit creuse et d'épaisseur à peu près constante. Pas facile.
J'ai adopté une technique astucieuse : tirer une ancienne sculpture d'un moule en faisant "tourner" la cire dans le moule au fur et a mesure de son refroidissement. Ainsi on dispose d'une figurine creuse; la démouler et la re-sculpter complètement mais sur cette "base" creuse. C'est moins difficile que de tout faire en creux à partir de zéro.
Pour ce modelage, étant parti d'une figurine féminine, j'ai retaillé dedans radicalement: seins, hanches, fesses; puis ajouté de la carrure. Puis, mon personnage masculin mis en forme, je l'ai habillé: pantalon, haut et chemise. Mais je l'ai laissé pieds nus pour avoir une image assez populaire de chanteur des rues et des cours, comme ceux auxquels on jetait depuis les fenêtres des pièces monnaie emballées dans du papier, quand j'étais enfant.
Le modelage, contrairement à mes habitudes, figure différentes surfaces: des parties nus, d'autres habillées et d'autres enfin sont du bois ou du métal. J'ai donc utilisé différentes cires en fonction de ce que je voulais représenter. Cire à modeler de sculpteur, souple et malléable, pour le corps et les vêtements; cires de bijoutier, rigides et parfois préformées, pour l'orgue, le carton perforé, la manivelle.
Mais voila.... Les coulées de sculptures ne sont pas aussi performantes que celles que l'on fait en prothèse ou en bijouterie et certaines parties ne sont pas sorties : les Z du carton perforé ( car les feuilles étaient trop fines pour le manque de pression de l'injection du bronze liquide) la sangle de portage (pour les mêmes raisons) et la manivelle! Cata!
Il a fallu refaire ces parties à la main en métal. Un gros fil de laiton soudé pour la sangle qu'il m'a fallu re-sculpter à la meulette pour l'assortir aux parties de la sangles qui étaient sorties convenablement. Un gros pâton de soudure pour la manivelle, que j'ai du re-sculpter à la meulette, là aussi.
Pour es feuilles dépliées du carton perforé, j'ai découpé dans une plaque de laiton un ruban que j'ai plié à angles vifs en l'entaillant sur la largeur, puis en re-soudant le pliage pour qu'il ne soit pas trop faible.
Enfin, il m'a fallu souder mon joli Z sur la pile de carton d'une part et au carton défilant sur le dessus de l'orgue d'autre part. J'ai fait la soudure à l'oxy pour pouvoir chauffer suffisamment le bronze, mais en faisant très attention à ne pas fondre ma feuille de laiton. J'ai fait la brasure à l'argent car ce métal d'apport permet des travaux plus délicats.
Ceci fait mon carton était tri-color: rose pour le bz, jaune pour le laiton, et blanc pour la soudure! Zut alors!
Du cout, j'ai fait une patine noire pour le carton, car avec une patine claire, on aurait vu les différences de couleurs.
Pour le reste, le travail de soudures, meulage, taille à froid, ciselage et patines polichromes fut normal ;)
Et voila, une jolie pièce pittoresque :)